Le pont du 1er mai “‘Et devant moi, le monde”, Joyce Maynard
Qui dit printemps dit hormones, et donc premiers émois de l’adolescence. Pourquoi ne pas lire quelqu’un qui les raconte bien : Joyce Maynard, dont le premier amour fut une figure emblématique de l’adolescence révoltée, J. D. Salinger, l’auteur du célébrissime “Attrape coeur” (qui est, pour l’anecdote, le livre sur l’adolescence et la crise du même nom le plus lu dans le monde). Dans son livre, elle raconte comme il a attrapé le sien : elle avait 18 ans, lui 54, leur histoire a duré une année. Celui qui écrivait dans son roman que “les gens qui pleurent à s’en fondre les yeux en regardant un film à la guimauve, neuf fois sur dix ils n’ont pas cœur” a du beaucoup pleurer devant ce genre de navets, je vous laisse découvrir pourquoi. Joyce Menard qu’on comparait alors à Françoise Sagan suite à son article pour le New York Times évoquant sa génération (en 1972) est aussi douée pour raconter la confusion des sentiments que pour décrire son époque.
Le pont du 8 mai, “Mon Paris, ma mémoire”, Edgar Morin
On a une petite pensée émue en repensant à la capitulation de l’Allemagne nazie avec un très beau livre d’Edgar Morin qui raconte le Paris de sa jeunesse. Il fait partie de ces octogénaires qui nous regonflent à bloc en ce moment : salvateurs pour la génération d’ados “no futur” conditionnée à penser à sa retraite une fois son Bac en poche. Dans son livre, il nous parle d’une époque révolue avec un peu de nostalgie et pas mal d’humour : celle du Paris de l’avant guerre jusqu’à mai 68 (enfin ça continue un peu plus tard, mais ça ne m’intéressait plus). On y découvre la trajectoire de cet homme, passionnante, qui a passé sa vie à faire mentir le destin. J’ai adoré découvrir l’histoire de ce fils d’immigré qui grandit dans un quartier populaire, perd sa mère très tôt et vit de plein fouet la Seconde Guerre mondiale alors qu’il n’a que 19 ans qui sera de tous les combats, avec optimisme et audace. Certes, à l’époque l’ennemi avait un visage et un nom, et on avait une vague idée de comment l’affronter mais son courage inspire; et son énergie est contagieuse.
Le pont du lundi de Pentecôte : “L’Hypnotiseur”, Lars Kepler
Définitivement le livre le plus effrayant que j’ai jamais lu : âmes sensibles, s’abstenir. L’hypnotiseur fait partie de l’excellente série de polars “Actes noires” de la maison d’édition Actes Sud. Un polar nordique de plus ? Non. Lars Kepler est suédois, comme les autres, et il écrit des polars comme les autres.Si ce bouquin est aussi addictif que les copains (Stieg Larsson, Camille Lackerg…), il va diablement plus loin dans la perversion. C’est bien simple j’étais prête à mettre un coup de sac à main dans le métro à quiconque me frôlait entre deux pages.
Le pitch : une famille est retrouvée assassinée sauvagement. Le fils de 15 ans a survécu mais tient par l’opération du Saint Esprit. On doit quand même l’interroger pour faire avancer l’enquête (question de vie ou de mort, vous comprendrez pourquoi) on fait donc appel à Eric Maria Bark, hypnotiseur de renom qui n’a plus le droit d’exercer depuis 10 ans suite à un incident tragique, et qui va vite regretter d’avoir mis les pieds dans cet hôpital. Me concernant, je ne m’en suis pas encore remise : à vous de voir.