Ma passion pour la BD est très récente, et facile à dater : elle est née avec (enfin surtout grâce à) Riad Sattouf. D’abord j’ai lu l’Arabe du futur que j’ai tellement aimé que j’en ai déjà parlé ici. Ensuite j’ai lu tout le reste, ce qui fait pas mal cf. sa bio Wikipédia (Dieu bénisse les chèques cultures) et j’ai acquis la certitude qu’il est à la BD ce que Jean-Jacques Goldman (passion n°2, partiellement assumée) est à la chanson française. Je m’explique : que Jean-Jacques (pour les intimes) raconte Céline Dion, Johnny ou une petite fille c’est toujours juste, incarné. Il m’a fait comprendre le terme de « narrateur omniscient » appris en cours de français en 3e. Et c’est un vrai talent de transformer l’empathie en poésie.

C’est la même chose, l’humour et le dessin en plus, que j’aime chez Riad Sattouf. Qu’il raconte les pauvres aventures de Jérémie, son enfance en Libye ou la vie d’une petite fille de 11 ans à Paris : on se projette forcément, et on s’attache. Parce qu’il arrive à dénicher l’universel dans l’intime de ses portraits : on rit des usages qui changent et des décors, mais on est forcément un peu émus aussi de se retrouver au détour de phrases, de jeux, d’angoisses qui finalement qui ne sont pas si loin que ça (même quand on est loin de l’adolescence, son sujet de prédilection).

Les cahiers d’Esther dont j’attends le 2e tome en trépignant ne font pas que raconter la fin de l’enfance (qui est d’ailleurs le plus joli thème en littérature à mon sens). C’est aussi un bon aperçu du monde vu de la fenêtre d’une pré-ado de 11 ans : de l’Iphone 6 aux attentats de Charlie Hebdo. Aussi utile que de lire le Courrier International pour regarder l’actu avec du recul, en plus rafraîchissant. Ces cahiers sont donc un bon début pour la découverte – indispensable – de Riad Sattouf.