En quittant Paris, je savais que je faisais le choix de mettre un terme cette frénésie dont on dit qu’elle use, mais qui, lorsqu’on la retrouve ponctuellement, rendrait presque nostalgique. Pas au point de revenir souvent, mais une conférence en petit comité au Royal Monceau – Raffles Paris de Jessie Inchauspé, a.k.a Glucose Goddess, dans le cadre des rencontres « Muse Society » m’a semblé un moteur suffisant pour sauter dans un train.
80% de la population a des pics de glycémie régulièrement.
Voilà un chiffre qui plante le décors.
La conférence démarre très fort, dans ce cinéma cossu du Royal Monceau. Jessie – qui se décrit comme une sorte de Jamie & Fred, avec qui elle a effectivement en commun de rendre la science ludique, mais en nettement plus sexy – revient sur les basiques : oui, le glucose est essentiel pour notre corps. On peut lui en apporter avec les féculents et le sucre…Mais tout est une question de mesure, et l’époque n’est pas tout à fait à la mesure.
Le hasard d’une mauvaise chute, de celles qui changent le cours d’une vie, a voulu qu’elle prenne conscience de la place centrale de la santé dont on pense à 19 ans qu’elle est un du, et a mis sa santé mentale à rude épreuve avec une dépression.
Ce qui l’amène sur cette scène ce soir, et a être un porte drapeau si enthousiasment de cette société des muses, c’est qu’à force de travail, et de recherche, Jessie a fait de l’alchimie. Elle a transformé le plomb en or, et ce qui aurait pu être la croix de sa vie l’a guidé vers la biochimie, et amené à accepter cette drôle d’idée de se faire poser un capture de glucose sur le bras, pour mesurer l’impact de tout qu’elle ingurgitait.
Elle a découvert, en faisait la synthèse de milliers d’études, et en analysant son expérience personnelle, le lien du glucose avec… à peu près toutes les facettes de notre vie. Les pics ont un lien avec : fringales, fatigue chronique, diabète, déséquilibres hormonaux, santé mentale, vieillissement… la liste semble sans fin.
Dis Jamie… comment on fait quand on a réalisé que le glucose était un allié qui pouvait se transformer en notre pire ennemi ?
Le rêve de Jessie : que les principes glycémiques qu’elle a identifié deviennent aussi évidents que le fait de se brosser les dents quotidiennement. Le problème ? Montrer des études aux gens n’a aucun impact sur leur quotidien, Jessie l’a expérimenté auprès de son cercle. Elle a donc fait ce qu’elle sait faire de mieux : vulgariser, schéma à l’appui. C’est la naissance de son compte Instagram suivi par plus de 2 millions de personnes, et de deux livres, dont son best seller : « Faites votre glucose révolution ». L’enjeu ? des méthodes accessibles pour maîtriser sa courbe, fruit de recherches dantesques mises à la portée de tout le monde.
🍳Manger salé le matin : le fait de manger un dessert le matin est une invention récente, et une hérésie totale d’un point de vue physiologique ! Le sucre est là pour le goût : sous forme de fruits entiers ou du pain, mais n’a aucun intérêt à ce stade de la journée. Y compris les flocons d’avoine… qui sont en réalité composés de 80% d’amidon.
🥦 Manger ses aliments dans le bon ordre, d’abord.
🥗Ajouter une entrée à base de légume : permet de réduire le pic de glucose jusqu’à 75% sans changer la quantité de ce qu’on mange après !
🍷 Boire du vinaigre, qui contient de l’acide acétique qui campe dans l’estomac et ralenti la vitesse de l’arrivée du sucre dans le sang. Précaution d’usage : idéalement à pas boire pur mais plutôt dilué dans l’eau avec une paille pour ne pas abîmer les dents.
👟 Bouger 10 minutes après un repas. Pas la peine de prévoir les baskets de running. Assises confortablement dans nos sièges de cinéma, Jessie nous a invité à faire des pompes de mollets. Facile : les pieds au sol, on décollant les talons. A faire 10 minutes après le repas : ça lisse la courbe de glycémie !
Habiller ses glucides : on ajout des fibres aux glucides qui forment une couche protectrice. Et le très contre-intuitif : arrêter de compter ses calories.
Pourquoi réduire ces pics ? Ils créent de l’inflammation, des fringales, des coups de mou…
En cas de pic de glycémie, le creux qui suit envoie un message à notre cerveau qui interprète mal la situation. L’effondrement lui fait croire qu’on a passé 4 jours sans manger suite à un problème de chasse ou de famine…La partie de notre cerveau qui gère ce sujet est restée un homme préhistorique ! Et sans lisser ces pics, la volonté n’y peut pas grand chose. C’est biologique ! Conclusion : les symptômes sont des messages. Le corps nous demande de l’aide.
Fun fact : quand on boit un verre de vin pendant le repas, il n’y a pas de pic. En réalité : c’est juste que le taux de glucose s’effondre car le foie est occupé à gérer…. le poison ! On sait désormais que l’alcool n’a aucun bénéfice sur la santé… et le pic peut donc est trompeur. Moi qui me berçait d’illusions avec les polyphénols, la chute est rude.
Trop de colle ne colle plus,
Proverbe Chinois
trop de sucre ne sucre plus.
La conférence se termine sans que personne n’ait eu l’idée de consulter son smarpthone – à part pour prendre les slides en photo. Jessie a ce don des américains, elle qui a choisi de vivre à San Francisco, de faire de tout un show. Je me fais la réflexion que cette fille qui sait captiver un auditoire avec des graphiques scientifiques devrait enseigner…à enseigner. Je serais prête à parier que n’importe quelle matière susciterait des vocations entre les doigts longilignes de cette biochimiste survoltée.