Après avoir parcouru tous les quartiers de Paris sans exception – certains à contrecœur – je peux dire sans hésiter que la rue des Martyrs est celle où l’on mange le mieux : il y en a pour tous les goûts et rien à jeter. Je me suis déjà demandé si le pourcentage de bouffe au mètre carré avait un lien avec la pente sacrément raide (pour ceux qui ne l’ont pas encore empruntée en Vélib, un jour vous comprendrez d’où vient le nom), mais pas encore investigué de ce côté-là, je me contente de livrer là mon best-of pour qui a envie de maximiser son périple culinaire entre le 9e et le 18e arrondissement.

Pour ceux qui aiment mettre la main à la pâte, on trouve un tas de commerces de bouche. Une poissonnerie pour les parisiens en manque d’iode au mois juillet (Au bon port Montmartre, au n°5), des confitures qui font passer Bonne Maman pour une vieille ringarde à carreaux à la Chambre aux Confitures (je ne peux que recommander la banane-rhum-raisin aux amateurs de crêpes). Il y a aussi beaucoup de primeurs dont les étals forment des rainbows flags alléchants, dommage qu’il faille craquer son PEL pour acheter une barquette de fraises. Avenue de Trudaine, à deux pas, il y a Les Commis dont le concept n’en finit plus de me faire passer pour un cordon bleu alors que je suis capable de rater des raviolis : à recommander à tous les gens qui se sont fait prendre en flagrant délit de Picard mais qui ne désespèrent pas d’épater la galerie.

Pour les gastronomes flemmards, il y a du déjà prêt, et pour tous les goûts, dans cette rue pourtant pas si grande mais qui doit recenser un nombre inouï de gloutons au mètre carré.

  • Yoom : on y mange de délicieux dim sum (raviolis vapeurs cantonais), parfait pour les appétits de moineaux (pas pour moi, donc) c’est léger, joli et on a pas l’impression de manger du chien.
  • Terra Corsa : pour ceux qui aiment les fromages corses et les canistrellis, les tartes au bruccio sont généreuses et hyper bonnes, la charcuterie fameuse, et les serveurs sont vraiment sympas pour des Corses !
  • Privé de Dessert : pour les becs salés dont je fais partie, être privé de dessert c’est un rêve qui devient réalité. Des plats qui ont l’apparence des plus jolies pâtisseries et autres réjouissances sucrées mais avec toute la sophistication du salé : c’est drôle, bon et le concept est sacrément bien trouvé.

Pour ceux entre les deux : Marlette permet aux motivés mais pas trop de rentrer chez eux avec une préparation ultra rapide pour faire soi-même un fondant au chocolat, des scones ou son pain. Sympas, ils permettent aussi à ceux qui veulent juste se reposer d’avoir monté une des pentes les plus rudes de Paris de manger des plats sains MAIS bons (oui, la courge rôtie, c’est délicieux !) dans un petit restaurant cosy duquel on a plus jamais envie de partir.

Pour les sans viande, sans gluten, sans graisses…il y a la cantine british Rose Bakery. Les grands bretons ne sont pas réputés pour leur sens de la gastronomie; mais ils savent y faire en matière de bio : en témoigne l’affluence quotidienne de cette adresse désormais incontournable, surtout pour le brunch dominical. Le carrot cake est devenu une icône, tout est fait maison, veggie et bio, même le thé !

Pour ceux qui aiment lécher – littéralement – les vitrines : Sébastien Gaudard, chez qui il faut mettre la main au porte monnaie à défaut de la mettre à la pâte pour sortir avec une pâtisserie aussi jolie qu’appétissante, et dont la vitrine est une véritable oeuvre d’art. J’y passerais des heures, et la tarte au citron a un goût de revenez-y qui vous fait oublier le service « typiquement parisien » (=désagréable).