L’un des premiers articles de ce blog, il y a 10 ans (!), parlait de Louis Vuitton, visionnaire éperdu de voyages, créateur des fameuses malles éponymes, aujourd’hui connu du monde entier, sous forme de monogramme. Si le fait d’être copié est l’apanage des génies, il en incontestablement un !

Le voyage au milieu du XIXe siècle – la maison a été fondée en 1854 – se concevait comme une aventure lointaine et dangereuse. En 2022 – à l’heure de la mondialisation et des centres-ville identiques où l’enseigne Zara côtoie celles de Nike et Mc Donald’s – le voyage le plus passionnant, dépaysant – parfois renversant – me semble être le voyage intérieur.

Ce voyage intérieur, je l’ai débuté à l’été 2015. J’avais croisé la route au printemps de Pascale Millier, directrice scientifique du laboratoire DEVA, pour qui je rêvais de travailler. Cette première rencontre, fondatrice, sur le plateau du Vercors dans la fameuse petite maison bleue, était annonciatrice de bien d’autres. Ce jour d’avril, Pascale m’a dédicacé son premier ouvrage « Les fleurs de Bach pour retrouver un équilibre émotionnel » en nous souhaitant « de nous recroiser sur le chemin des fleurs ». Je priais intérieurement pour que ça soit le cas.

Quelques mois plus tard, je partais en expédition – les fameux stages terrain du laboratoire – aux côtés de Pascale, de thérapeutes et pharmaciens avides de connaissances, et de Philippe Deroide, fondateur du laboratoire DEVA, chercheur en florithérapie qui a fait de la poursuite des travaux du Dr Bach sa mission de vie.

Ce que je sais à l’époque des fleurs de Bach ? Peu de choses. Le célèbre Rescue jaune que m’a donné ma mère avant de passer mon bac m’a aidé à garder mon sang froid. Je ne sais pas très bien qui du cognac ou des fleurs mystérieuses m’a détendue, mais ça a marché. Merci Dr Bach pour ma mention très bien !

Je les retrouverai bien plus tard, alors que mon oncle (et parrain), Paul est en train de s’éteindre. Maman lui amène tous les jours des fioles : huiles essentielles et fleurs de Bach. Sur sa tablette d’hôpital, toute une herboristerie. On sait que c’est fini, on ne l’admet pas encore mais on le sait, lui le premier. Comme chez nous on parle peu, on fait (je découvrirai un jour l’élixir floral de pissenlit, portrait robot de ma maman !). Alors elle lui masse le plexus solaire avec des huiles pour le réconforter, pour conjurer ce sentiment d’injustice d’être foudroyé trop tôt, alors qu’il reste tant de choses à faire, de fous rire à prendre, de cafés à servir à l’Echalote.

Un jour de visite à l’hôpital, Anne – ma tante, qui sait que je cherche à quitter Paris et connaît ma passion pour la santé naturelle, héritage maternel précieux – me montre une des fioles sur la tablette, « Assistance », et me dit « ta maman adore le labo et connaît la directrice qui est venue la former à la pharmacie, tu devrais lui écrire ».

Ma vie – professionnelle, d’abord, mais qui n’est jamais très loin du reste – allait prendre une tournure radicalement différente suite à cette conversation dans la chambre de Paul. J’écris un mail, la suite : c’est la rencontre au mois d’avril.

Le premier stage terrain

Avant de se mettre à communiquer sur les fleurs de Bach et élixirs floraux, il s’agit connaître le sujet nous fait-on comprendre (avec gentillesse, mais fermement : la rigueur est un impératif pour rester crédible sur des sujets subtils).

Nous voilà donc partis, chaussures de randonnée aux pieds pour une expédition dans la nature du Vercors à la rencontre de la flore locale. Je sens immédiatement que je suis en décalage. Pour commencer : je suis plus attentive aux choix vestimentaires des participants qu’aux fleurs que nous rencontrons. Sans me flageller, je passe un temps considérable à juger l’assemblée, et passe à côté de cette première expédition. « Il est vraiment en train de nous raconter qu’il fait des câlins aux arbres ? » « OK, on se met pieds nus pour se relier à la Terre Mère. La prochaine étape c’est fumer quelque chose ? ».

J’ai à l’époque un rapport à mes émotions assez rudimentaire : je suis totalement opaque à moi-même, comme la plupart des gens. (Quand j’entends aujourd’hui mon fils de 4 ans et demi me demander si les dinosaures pleuraient, je me dis que je suis peut-être tombée de l’autre côté du cheval, mais c’est une autre histoire !). C’est à dire que je subis toutes mes émotions de plein fouet, avec quelques dominantes : en premier lieu, la honte. Je rougis à peu près 5 fois par jour. Le rose me monte aux joues très facilement, et si c’est poétique dans la littérature romantique du XIXe, c’est un sacré handicap au quotidien car je m’interdis de prendre la parole en réunion, de peur de virer écrevisse et de perdre toute crédibilité (Vous faites confiance à une personne rougissante et transpirante en réunion ? Non.).

Comme toutes les personnes introverties : je ne suis jamais aussi à l’aise qu’en terrasse, avec un verre de vin et une cigarette à la main. L’ivresse légère permet de faire rire la cantonade, j’adore ça. Sauf que cette sensation d’être grisée ne dure jamais, et qu’il n’est pas rare que je rentre le cœur lourd sur mon Vélib. Je découvre en me plongeant dans l’étude des fleurs de Bach que ce comportement n’a rien d’une spécificité personnelle. Il a été disséqué, et classifié par le Dr Bach : il correspond à une fleur du groupe d’émotion « hypersensibilité aux influences », l’aigremoine.

L’élixir floral d’Aigremoine est recommandé pour ceux qui cachent leurs vrais sentiments et leur inquiétude sous un masque d’insouciance ou derrière une apparence joviale. C’est le clown triste, secrètement tourmenté qui n’en laisse rien paraître. Il peut développer une dépendance à tout ce qui lui permet d’oublier sa souffrance : alcool, tabac…

« Mais…c’est moi ! ». Partir à l’assaut de l’héritage du Dr Bach – d’abord, avant de s’atteler aux élixirs floraux contemporains – c’est un peu différent de réviser l’anglais pour passer son TOEIC et travailler à l’international. La démarche est pourtant à peu près la même : s’approprier une langue étrangère – celle des fleurs – mais l’apprivoiser ne nous fait pas découvrir un nouveau pays, cette langue-là nous fait toucher du doigt notre monde intérieur.

L’élixir floral de Centaurée est conseillé pour faire émerger sa propre personnalité. Il est recommandé aux individus timides, dociles, qui ne savent pas dire non aux autres et qui sont soucieux de plaire.

« Mais…c’est encore moi ! ». Décidément : deux fleurs du groupe « hypersensibilité aux autres » me vont comme un gant. Moi qui ai vu une psy (très chouette par ailleurs !) à Paris, jamais je n’avais pris conscience d’être à ce point perméable aux autres, avant de lire ces deux descriptions de petites fleurs si communes.

Ce qu’il y a de plus beau dans cette approche du Dr Bach ? Nos défauts sont des qualités en puissance. Les fleurs nous permettent de révéler le potentiel positif associé à nos comportements négatifs. Elles ne créent rien, mais nous révèlent à nous-même. Ca peut sembler un peu utopiste dit comme ça, mais le mieux est encore d’essayer. C’est d’ailleurs lui qui le dit « ne me croyez pas, expérimentez ».

Le pouvoir des fleurs

Me voilà donc partie à la découverte des fleurs, et à travers elles : de mes émotions. L’objectif du voyage ? Il n’y en a pas ! Comprendre que ce qui compte, c’est précisément ce voyage, et de ne pas en perdre une miette.

Il y a quand même un « bénéfice » comme on dit dans la pub, et pas des moindres : « Exprimer le meilleur de soi ». Quelle plus jolie promesse imaginer que de transformer ses angoisses, ses introversions, ses colères, en potentiel positif ?

Chez le Docteur Bach, il y a un point de départ : la vie est une école, et nous sommes là pour apprendre. Vincent Belbèze, créateur des élixirs floraux andins, dirait « un terrain de jeu », lui qui rappelle dans ses formations qu’humain, humus et humour ont une racine commune, et qu’il ne faut jamais se prendre au sérieux.

Les mois passent, et je me plonge dans les fleurs à corps perdu. Je constate l’évolution sur mon comportement, mais surtout, privilège d’être en « back office », derrière les réseaux sociaux : je constate chaque jours les dizaines de témoignages de personnes que les fleurs ont aidé. Petits et grands problèmes, situations de vie si différentes dont le seul point commun est d’avoir été aidé (certains disent sauvés !) par ces élixirs floraux si subtils. Le plus étonnant reste les animaux, réponse magistrale aux passionnés de l’effet placebo.

Le chemin des fleurs

Une chose est certaine : je n’aurai pas assez d’une vie pour épuiser le sujet, je dévore encore des livres sur la vie du Dr Bach dont le génie et l’intuition me bouleversent à chaque fois. Depuis le premier livre, point de départ de notre rencontre, Pascale en a publié un second qui élargit la sélection aux élixirs floraux DEVA, et aux élixirs andins que je rêve de mettre entre toutes les mains.

Il m’arrive de regarder le chemin parcouru en me rappelant les fleurs qui m’ont accompagnée. Le bouton d’or, si précieux lorsqu’on doute de ses qualités, conseillé aux personnalités introverties. Je suis passée de cette jeune femme rougissante qui n’osait pas intervenir en réunion (j’ai étudié très sérieusement lors des premiers exposés à Sciences po Lyon la façon la moins douloureuse de me casser la jambe pour éviter de prendre la parole en public) à une communicante épanouie, férue de son métier et de réunions en comité élargi !

Rien n’est banal, dans ce laboratoire DEVA, lieu de magie : c’est à dire « où l’âme agit » comme aime à la répéter Pascale. Il n’y a pas de WIFI, pour ne pas altérer la qualité vibratoire des élixirs floraux, tout est préparé à la main, de l’élixir mère au flacon dilué. Tout le monde a conscience du sérieux de sa mission : le mieux-être émotionnel.

Le malade de demain devra comprendre que lui, et lui seul, pourra soulager ses souffrances.

Edward Bach