Cette année, Aimée Demars fête ses 10 ans d’existence, anniversaire qui coïncide donc avec mes 8 années passées à ignorer qu’il existe des parfums merveilleux, qui ne sont pas nocifs pour la santé (vous vous aspergez joyeusement avec un jus hors de prix d’une maison de luxe qui délègue ce sous-segment rémunérateur à un façonnier ? Jetez un coup d’oeil par ici), voire qui prennent soin de notre santé émotionnelle… Vieillir est parfois une bénédiction !

Je me souviens de ma rencontre avec Lily Ambre : on avait beau être au mois d’août, en le respirant je me suis surprise à guetter l’automne, et les feux de cheminée. Mon premier choix « Belle Aphrodite » avait étonné Valérie, fondatrice de la maison « Mais… tu n’as pas de problème avec le chakra de la gorge toi ! » et elle me parfume avec Lily Ambre, ce parfum dont elle dit qu’elle l’a « composé pour les personnes rayonnantes, gourmandes et joyeuses. » Je ne voudrais pas me jeter trop de fleurs… Mais c’est moi (enfin…j’y aspire) !! Et bien oui, ça peut sembler immodeste, mais j’ai l’impression de porter mon portrait chinois.

📸 Adeline Bettinger

3/4 des parfums dits « conventionnels » contiennent des perturbateurs endocriniens, quand l’aromaparfumerie est certifiée BIO et issue de produits naturels.

Cette découverte m’a invitée à relire mon histoire intime au prisme des odeurs. Car il existe entre les souvenirs et les senteurs une porosité telle que les frontières s’estompent : olfaction et émotions sont intimement liées. Les odeurs, en accès direct au cerveau limbique — ce centre des émotions — court-circuitent notre néo cortex, ce cerveau analytique qui classe, compare, rationalise. Et c’est là qu’émerge une autre forme de récit : notre histoire sensible, immédiate, viscérale. La fameuse madeleine de Proust.

Qui n’a jamais respiré une odeur et eu les larmes aux yeux ? Pas des larmes de tristesse, non, ces larmes qui vous font comprendre au creux du ventre ce que « saudade » veut dire. Ces souvenirs heureux, enfuis, qui nous font revivre une joie passée lorsqu’on les convoque. Voilà ce les odeurs nous font vivre. Lorsque j’allais au Maroc, régulièrement, je recherchais ces odeurs que j’aimais tant : les épices, la fleur d’oranger, le henné… A chaque retour en France, j’avais l’impression que quelqu’un avait éteint ce sens. Quoi ? Ca ne sent plus rien ? Mais quelle horreur ! (L’anosmie avant l’heure ?).

📸 Adeline Bettinger

Lily Ambre, comme chacun des parfums d’Aimée Demars est en lien avec un chakra qu’il rééquilibre. En l’occurrence le 2e : ce chakra sacré qui est en lien avec l’énergie qui circule, la créativité, la sexualité… joli programme. Vous comprendrez donc pourquoi j’ai toujours la version solide dans mon sac à main !

Comment restituer le subtil ? Comment rendre justice à ces synergies qui relèvent de la magie (vous savez ? L’âme qui agit, comme le dit souvent Pascale Millier, marraine des rosiers Sweet love de l’association du Jardin d’Aimée). Peut-être en racontant le processus créatif de Valérie, qui n’est décidément pas un « nez » comme les autres. Après une carrière dense, couronnée de succès, à défendre notamment une cosmétique saine (Valérie a été vice présidente pendant 15 ans de Cosmébio et a lancé les marques So Bio et Eaux Thermales de Jonzac), un burn out lui a fait perdre l’usage d’une oreille. Cette épreuve, qu’en bonne alchimiste, elle a su transformer en or lui a ouvert un autre sens : celui de la clair sentiance.

Et c’est bien de ça qu’il s’agit quand on respire les créations de Valérie. Ce ne sont pas « juste » des parfums. Il se passe quelque chose, ça vibre ! Combien de personnes ai-je entendu dire « J’ai horreur de l’odeur de la rose habituellement, mais là…il se passe quelque chose ». Ce quelque chose, c’est le don de Valérie et de la co-création. Il y a indéniablement un dialogue entre les essences et cette chercheuse forcenée lorsque le processus est en marche.

Chaque parfum contient de l’eau de la source de Saint Genulphe, connue depuis les Celtes, pour ses propriétés guérisseuses, qui a été un haut lieu de pèlerinage au solstice d’été à la Saint-Jean jusqu’au XXe siècle.

Au fond, chaque parfum d’Aimée Demars est une invitation à explorer notre propre essence, à travers le prisme olfactif. La première des guérisons ne serait-elle pas le fameux « connais toi toi-même » de Socrate ? Dès la question originelle, que Valérie invite à se poser : « Lequel de mes chakras aurait besoin d’être équilibré par une synergie bienfaisante ?« , un processus est en marche…On est loin de l’acte de consommation pulsionnel ! Pour Valérie, l’olfaction est un chemin vers la guérison, une porte d’entrée vers une meilleure compréhension de nous-mêmes et les études sur le sujet de l’olfactothérapie lui donnent raison. L’intuition éclairée (tiens ? ça ne serait pas un pléonasme ?) rencontre les résultats d’études scientifiques, nombreuses sur le sujet : les odeurs ont un superpouvoir, indéniablement.

Il y a quelques jours, pour célébrer les 10 ans d’Aimée, Valérie et son équipe (impossible de ne pas citer Amandine, Shiva qui serait, en plus !, douée d’ubiquité) ont crée un pop up store passage Choiseul pour permettre la rencontre. Ils ont, le temps d’une semaine, laissé le laboratoire et le jardin idéal de Montcresson, dans lequel on croise cygnes peu farouches, abeilles qui butinent joyeusement et des oiseaux qui règnent en maîtres, pour créer une bulle olfactive dans ce Paris toujours trop pressé.

Ce lieu éphémère a pourtant pris des allures d’éternité tant il résonnait comme un point de rencontre. Tout « l’écosystème Aimée Demars » s’est retrouvé — comme si l’univers avait conspiré pour réunir, en ce lieu précis, celles et ceux qui vibrent à l’unisson. Nous ne nous connaissions pas tous, et pourtant, ce moment suspendu illustrait parfaitement les mots d’Éluard : « Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous. »

Catherine Saura Pavard irradiait, brandissant sa joie de vivre en étendard, Anne Ghesquière était là, délicate et lumineuse, à l’image du sillage du parfum Métamorphose, né pour prolonger la magie de son podcast. Et Natasha St-Pier, incarnait à merveille l’âme vibrante des créations Aimée Demars. Dans cette harmonie flottait comme une envie que ce lieu, comme chaque fragrance signée Valérie, ne s’efface jamais vraiment.

« Rien n’éveille un souvenir comme une odeur »

Victor Hugo